Gouvernance et transformation de l’Afrique – Cristina Duarte
Cristina Duarte est Ministre des finances et de la planification du Cap-Vert depuis 2006.
Titulaire d’un MBA (en finance internationale et marchés financiers émergents) obtenue aux USA, elle a également une solide expérience dans le secteur privé en Afrique où elle fut, notamment, vice-présidente de la CitiBank. Cristina Duarte mène campagne pour la présidence de la Banque Africaine de Développement (BAD), institution dans laquelle elle est gouverneur. Si elle parvenait à se faire élire, elle serait la première femme à ce poste.
Dans cet entretien avec l’institut de recherche et d’enseignement sur la paix, Thinking Africa, Cristina Duarte revient sur son parcours, apporte un éclairage sur les enjeux de la gouvernance en Afrique et expose ses idées sur la transformation du continent et le rôle de la BAD dans le développement et l’avenir du continent.
Quelques verbatims extraits de l’interview.
Sur ses origines et le panafricanisme
J’ai eu une grande chance dans ma vie, je suis née dans une famille panafricaine. C’est cette famille panafricaniste, à travers les pensées d’Amilcar Cabral, qui m’a appris ma responsabilité, par rapport au Cap-Vert mais aussi par rapport à l’Afrique.
Sur le défi du financement du développement de l’Afrique
Chaque année de manière continuelle, l’Afrique perd 50 milliards de dollars et en même temps, c’est le continent le plus pauvre du monde. Cela veut dire que le grand défi du financement de l’Afrique, ce n’est ni une absence de ressources financières, ni une absence de richesse, c’est plutôt une absence de leadership, d’organisation et d’appropriation de son destin.
Sur le leadership :
Pour devenir un leader, il faut avant tout avoir une grande volonté politique de travailler pour son peuple. Cette volonté et la conscience politique permettent l’émergence du leadership.
Sur les leçons de l’expérience cap-verdienne pour l’Afrique
1. On peut promouvoir le développement socio-économique d’un pays grâce à la qualité des politiques publiques, de la gouvernance et des institutions.
2. Il faut toujours avoir le souci de maintenir la cohésion sociale.
3. Il faut avoir un leadership capable de mettre sur la table, une vision, une stratégie. Ce même leadership doit avoir une capacité de promouvoir l’appropriation de cette vision pour toute la société.
Sur la nécessite d’avoir des institutions de qualité
Aujourd’hui, tout le monde parle de l’Afrique émergente. Mais ce qu’on voit, c’est que cette Afrique émergente n’a résolu pas le problème de la pauvreté en Afrique. Après 15 années de croissance économique, la pauvreté est toujours avec nous. C’est-à-dire que la croissance seule ne suffit pas. C’est la qualité des institutions publiques qui va permettre aux Africains de devenir les propriétaires de notre destin.
Sur le rôle de la Banque Africaine de développement
Le rôle de la BAD ? 1. Mobiliser des financements pour les gouvernements africains. 2. Aider les gouvernements africains à retenir davantage la richesse africaine et mettre sur la table des politiques publiques de qualité pour mieux utiliser cette richesse pour le développement.