Marta Iñiguez de Heredia | Docteure. Professeure associé à l’Université de Cambridge
Marta Iñiguez de Heredia (PhD), professeure associé à l’Université de Cambridge, a interviewé des membres du groupe Lutte pour le Changement (LUCHA) qui se définit comme un mouvement citoyen de jeunes. L’interview reflète les idées de ce mouvement et la trajectoire qu’il a suivi depuis sa création en 2012.L’interview relate également la répression subie par ses membres dans la dernière journée de la paix, en septembre 2014.
Le 21 septembre 2014, trois membres du groupe LUCHA qui manifestaient pour la paix à Goma, ont été arrêtés par l’Agence Nationale de Renseignement (ANR), alors qu’ils souhaitaient faire des demandes concrètes à l’occasion de la journée de la paix. Leurs revendications, qui n’ont finalement pas pu être entendues, s’employaient à affirmer que la paix ne saurait être atteinte sans justice, sans démocratie et sans une armée républicaine.
Ce n’est pas la première fois que les membres de ce groupe sont arrêtés, et c’est possible que cela ne soit pas la dernière. Depuis 2012 LUCHA a organisé différentes actions : sit-in, lettres ouvertes, différentes campagnes et marches. Comme ils l’indiquent dans l’entretien ci-dessus, LUCHA se déclare un mouvement non-violent mais actif et citoyen. Dans le contexte de guerre qui sévit à l’Est de la RDC, ces nouveaux procédés actifs mais non-violents, ont su résumer les besoins et aspirations populaires. Bien que la réponse des autorités face à leurs activités fut assez violente (brutalisassions, emprisonnement, répression des membres)le mouvement n’a fait que croître et se consolider.
En tant que mouvement pour la justice sociale, la dignité de la personne et le changement politique, LUCHA a essayé de se concentrer sur différents problèmes concrets. On notera par exemple, le contexte dans lequel, les activités de LUCHA ont débuté : une nouvelle rébellion appuyé par le Rwanda a démontré que la paix était loin d’être consolidée en RDC. Toutefois, LUCHA a demandé la reforme de l’armée et une réponse politique au problème des réfugiés et des FDLR. Ils ont aussi remarqué la nécessité de donner à la population Congolaise la possibilité de bénéficier de ses propres ressources, surtout quand il s’agit des besoins basiques comme l’eau potable et l’électricité étaient au cœur de leurs requêtes.
En Juin 2014 les militants de LUCHA ont réuni plus de 3000 personnes dans les rues de la ville de Goma pour porter leurs revendications, comme l’accès à l’eau potable. Pendant le mois d’août la ville de Goma a été couverte par des calicots et posters qui réclamaient ‘Goma inataka maji’ ou ‘Goma veut de l’eau’. Ces actions, prouvent qu’un mouvement est en train de gagner du terrain.
Ce mouvement s’organise de manière horizontale, sans structures ou leaders. Il ressemble des mouvements anti-globalisation des années 1990 et dans le printemps arabe. Cette forme d’organisation est devenue de plus en plus utilisée en Afrique, par exemple, au Sénégal avec Y’en a Marre, au Burkina Faso, avec la Coalition Contre la vie Chère, et en Afrique du Sud, avec le Landless People’s Movement, mais également sur presque tous les continents avec les indignés et le Occupy mouvement.
Le tour de la RDC est arrivé et trois de ses membres, Fred Bauma, Micheline Mwendike et Luc Nkulula nous racontent la trajectoire du mouvement et ses aspirations.