Patrick Mbeko est un politologue canadien d’origine congolaise. Spécialiste de la région des Grands Lacs, il est l’auteur de «Le Canada dans les guerres en Afrique centrale» (2012), « Le Canada et le pouvoir Tutsi du Rwanda» (2014). Il est également le co-auteur, avec Honoré Ngbanda Nzambo, de « Stratégie du chaos et du mensonge : Poker menteur dans l’Afrique des Grands Lacs » (2014).
Dans cet entretien accordé à l’institut de recherche et d’enseignement sur la Paix, Thinking Africa, Patrick Mbeko expose les enjeux de cette guerre qui dure depuis près de 20 ans en République Démocratique du Congo, sans qu’une solution viable et durable ait été prise pour y mettre fin. Il nous apporte un éclairage sur les notions de paix et de justice dans le contexte géopolitique de l’Afrique des Grands Lacs. Enfin, Patrick Mbeko explique pourquoi il est impératif de renouveler le leadership dans cette sous-région.
Quelques verbatims extraits de l’entretien.
– Sur la crise dans la région des Grands Lacs africains
Cela n’a été possible que parce que derrière le Rwanda, il y avait des puissances qui avaient un agenda clair dans la région. Et cet agenda consistait à s’emparer des ressources du Zaïre (aujourd’hui RD Congo).
– Sur le silence autour de ce qui se passe au Congo
Et qui finance les ONG ? A qui appartiennent les grands groupes médias ? Dans les deux cas, ce sont les mêmes intérêts qui participent à la pérennisation des souffrances dans la région.
– Sur la nécessité d’un nouveau leadership en Afrique centrale
– Sur la justice dans la région des Grands Lacs
Seul un leadership responsable travaillera à la mise en place d’un système de justice pour apaiser les cœurs et réconcilier les peuples.
– Sur le panafricanisme des cœurs et le Congo
Il faut que les Etats africains se sentent concernés. Il y a des immixtions étrangères, oui. Mais, c’est aussi parce qu’il y a une irresponsabilité africaine. Les chefs d’Etat africains regardent le Congo sombrer. Les Africains, eux-mêmes, ne sont pas concernés par les problèmes du Congo.
Si on laisse chacun dans son coin, avec ses problèmes, il est certain que même si un pays stratégique comme le Congo recouvrait sa souveraineté et la paix, les congolais n’iront pas vers d’autres africains parce qu’ils se sont sentis abandonnés quand ils avaient des problèmes. Et cela va profiter aux tireurs de ficelle qui sont en dehors du continent.