Soft power, Afrique du Sud et émergence africaine (Part. I) – Dr Folashadé Soulé-Kohndou
Folashadé Soulé-Kohndou est docteure en science politique (associée au Centre de Recherches Internationales de Sciences Po’ Paris) et chercheure post-doctorante en relations internationales à la London School of Economics.
Dans l’entretien accordé à Thinking Africa, Dr Folashadé Soulé-Kohndou décrypte les objectifs et stratégies des clubs des puissances émergentes, comme l’IBAS (Forum Inde, Brésil, Afrique du Sud), expose le cas particulier de l’Afrique du Sud, et aborde les enjeux de soft power et de l’émergence en Afrique.
Dans cette première partie, Dr Folashadé Soulé-Kohndou revient sur ses travaux de recherche autour du Multilatéralisme au sud, explique sa méthodologie de recherche et analyse les différents enjeux, objectifs et intérêts des clubs de puissances émergentes comme l’IBAS.
La méthode hypothético-inductive consiste à partir d’un questionnement global, c’est-à-dire d’une idée générale, à formuler une série d’hypothèses et à les tester par une exploration empirique très solide. Le travail de recherche sur le terrain est au cœur de cette démarche.
Sur la génèse du forum IBAS
Le forum IBAS est une idée initiale de Thabo Mbeki, quand il était vice-président sous Mandela. L’idée de Thabo Mbeki était de créer un contre-club au G8, qu’il avait appelé un G-Sud, avec comme ambition de rassembler un ensemble de grands pays du Sud. L’idée sous-jacente était de formuler un ensemble de propositions, de s’approprier les questions de développement et d’ordre économique concernant l’Afrique, au sein de ce forum. C’était aussi une manière de délégitimer le G8 traditionnel. L’idée a eu un accueil mitigé, puis relégué au second plan, après les attentats du 11 septembre 2001. Elle a été relancée lors de l’investiture du président Lula, en janvier 2003 au Brésil, par Mbeki. C’est, au final, une idée, qui a mûri et qui a trouvé sa forme actuelle en marge de l’investiture du président Lula. IBSA s’est structuré progressivement, à partir de juin 2003, autour de 3 axes principaux : L’axe politique (les consultations politiques aux Nations Unies par exemple), la coopération Sud-Sud autour de 16 groupes de travail différents, un focus sur les questions économiques.
Sur la coopération Sud-Sud
La coopération Sud-Sud ne date pas des années 2000, mais de la période de la fin de la guerre froide et était surtout idéologique et politique. Aujourd’hui, elle s’est beaucoup diversifiée et intensifiée et l’axe économique est très présente pour les différents pays concernés. Les puissances régionales comme l’Afrique du Sud, le Brésil et l’Inde ont vraiment été les moteurs de cette dynamisation.