Développement durable & risque climatique en Afrique – Dr Cherif Sadia

Sadia Cherif, ivoirien, est Docteur en sociologie de l’Université de Bouaké.

Il est actuellement en post-doctorat au CRHQ. Sociologue de formation à l’Université de Bouaké à Abidjan, Sadia CHERIF consacre depuis plusieurs années ses recherches aux problèmes du développement socio-économique liés aux risques climatiques en Afrique. Il s’intéresse plus particulièrement aux stratégies de résilience sociales et économiques élaborées par les populations locales dans une perspective historique.

Dans cet entretien accordé à Thinking Africa, Sadia revient sur les enjeux du changement climatique et l’adaptation des agriculteurs ivoiriens et africains de façon générale face à ce phénomène.

Quelques verbatims extraits de l’interview.

Sur l’adaptation au climat

Avant 1950, les planteurs, même s’ils n’avaient pas cette vision scientifique du changement climatique, arrivaient à s’adapter à la situation qu’ils vivaient et aux aléas climatiques, mais cette adaptation n’était pas celle que l’on voit aujourd’hui ni celle que l’on veut imposer aujourd’hui. C’était alors une adaptation culturelle. Aujourd’hui, ces stratégies d’adaptation culturelle n’ont plus d’effet comme avant.

Sur les pouvoirs publics africains et le changement climatique

Les pouvoirs publics africains ont conscience du changement climatique mais on attend les fonds pour l’adaptation. Il y a quelques projets en œuvre, mais je ne pense pas que ce soit la priorité pour eux.

Sur la résilience

La résilience, ce n’est pas se laisser mourir. La résilience, c’est pouvoir survivre après la catastrophe.

Sur la différence entre sécurité alimentaire et souveraineté alimentaire

La sécurité alimentaire, c’est le fait de pouvoir mettre la nourriture à disposition de tout le monde. La souveraineté alimentaire, c’est le fait, pour chaque pays, de décider de ses productions agricoles, plutôt que de se voir imposer ce qu’il doit produire, comme cela se fait actuellement dans les pays africains. Les agriculteurs devraient décider, au plus niveau d’ailleurs, ce qu’ils devraient produire et ce qu’ils devraient consommer.

Sur la nécessaire révolution culturelle en Afrique

Il faudrait une révolution culturelle en Afrique. Parce que jusqu’à présent, plusieurs agriculteurs africains continuent de penser que le changement climatique n’est pas lié à l’augmentation de l’effet de serre, mais plutôt à la colère des génies. Et cette révolution culturelle passera nécessairement par l’éducation.

CherifSadia