Par Alcème Tsassa
INTRODUCTION:
Les ressources naturelles, notamment les minerais ont toujours été au cœur des préoccupations nationales. Cela est devenu encore plus évident depuis la fin de la guerre froide et l’affirmation des nouvelles puissances économiques comme l’Inde et la Chine. Ce qui a provoqué une explosion de la demande mondiale en matières premières. Et depuis plus de deux décennies maintenant, les ressources naturelles structurent en partie la politique étrangère des États et sont considérées à cet effet, comme des éléments essentiels des relations internationales. Leur localisation, leur possession, et leur dépendance, font souvent l’objet des réflexions géostratégiques de la part des grandes puissances. En effet, celles qui en sont dépourvues et dont les secteurs industriels en dépendent, mettent en place toute une géopolitique qui tient compte des différents paramètres liés à l’accès aux minerais, le contrôle des zones ou des régions qui en contiennent et la sécurisation de leurs voies d’approvisionnement. Considérés comme des denrées vitales pour les États, les minerais sont donc au centre de la géopolitique du XXIe siècle. C’est la raison pour laquelle les grandes puissances, au regard de la durée de vie limitée de certains minerais et des difficultés liées à leur approvisionnement, arrivent à les distinguer les uns des autres, selon qu’ils soient stratégiques ou critiques. Cela étant, où situer alors la frontière entre les deux? Et pour les pays producteurs, notamment africains, en quoi ces minerais peuvent-ils constituer une arme économique ou une stratégie de puissance? Dans la première partie de cet article, nous lèverons l’équivoque sur ce que l’on entend par minerais stratégiques et minerais critiques. Ensuite, nous présenterons leur champ d’utilisation, enfin nous proposerons les différentes pistes de stratégies que pourraient mettre en place les pays africains pour faire face à la convoitise des grandes puissances par rapport à leurs minerais.
CONCLUSION & RECOMMANDATIONS:
En clair, la notion de «caractère stratégique» ou de « caractère critique» reste large et évolutive. Tout dépend de la perception qu’en ont les acteurs impliqués (producteurs, consommateurs, États, entreprises, etc.) et de leurs besoins en ressources naturelles pour leurs productions industrielles. Cela étant, un minerai est dit stratégique ou critique, lorsqu’il est non seulement vital pour l’affirmation de la puissance économique, technologique et militaire d’un pays, mais aussi vulnérable (ainsi que pour l’État qui en dépend), par rapport à sa durée de vie limitée et à la rupture technologique qui peut en découler. Lorsqu’un État n’assure pas la production d’un minerai qui est vital pour sa survie et ne maitrise pas ses approvisionnements, il est soumis aux contraintes du marché et aux réalités géopolitiques. Ceci étant, le critère principal pour déterminer le caractère stratégique ou critique d’un minerai est donc de connaître son propre niveau de dépendance et la concentration géographique des zones de production. Ce sont là des sujets de haute importance pour le monde de la défense.
C’est la raison pour laquelle les États africains, devraient prendre au sérieux les risques de perturbation géologiques, environnementales et géopolitiques, de l’approvisionnement et aussi des exportations des matières premières, pour être plus compétitifs sur le marché, en ce qui concerne par exemple la fixation des prix. En effet, une ressource manquante, même accessoire, peut déstabiliser toute une chaîne de production. À cet effet, l’Union africaine (UA), devrait au plus vite se pencher sur la question pour éviter d’être victime de la guerre économique du XXIe siècle. Elle pourrait par exemple consacrée le prochain sommet de l’organisation à la problématique de ses matières premières, suivit des recommandations fortes, de type embargo, contre les grandes puissances qui menaceraient les intérêts africains sur la scène internationale. Le sujet étant éminemment géopolitique, ça serait ainsi l’occasion de lancer un signal fort aux grandes puissances.