Par Sidonie Noël Wilwert-Bela
RĂSUMĂ :
Jamais la sociĂ©tĂ© camerounaise ne sâest trouvĂ©e aussi facturĂ©e, au fil du temps la tension monte, plus un jour ne passe sans quâil y ait des morts survenus des violences et de lâinsĂ©curitĂ© grandissante dans le pays. La somme des crises socio-politiques existantes conduit le Cameroun au bord dâune vĂ©ritable guerre civile. Lâheure est grave, et mĂ©rite une attention particuliĂšre pour Ă©viter lâescalade. Au regard de la situation, le prĂ©sent article ambitionne de questionner la quintessence du Grand Dialogue National qui sâest tenu au Cameroun du 30 septembre au 4 octobre 2019. Se basant sur des faits historiques, lâauteure dĂ©cĂšle les dynamiques socio-politiques et le contexte international ayant suscitĂ© la convocation Ă cette grand-messe. Cette analyse vise par ailleurs Ă mettre en exergue les limites et les dĂ©faillances structurelles de la mise en scĂšne de cette rencontre. En sâappuyant sur un corpus thĂ©orique et sur des expĂ©riences comparatives nous apporterons des Ă©lĂ©ments pouvant amĂ©liorer lâefficacitĂ© dâun dialogue national. La solution militaire ayant montrĂ© ses limites nous prĂ©conisons une des stratĂ©gies plutĂŽt politiques partant, un dialogue national inclusif et participatif aux prĂ©alables dâun consensus gĂ©nĂ©ral pourrait permettre une rĂ©elle sortie dâimpasse. NĂ©anmoins, cet idĂ©al ne serait rendu possible sans le prĂ©cieux concours des experts internationaux au travers de la nĂ©gociation et de la mĂ©diation.
CONTEXTE :
Cette note dâopinion intervient dans un contexte socio-politique trĂšs tendu, marquĂ© par une insĂ©curitĂ© grandissante sur toute lâĂ©tendue du territoire en gĂ©nĂ©ral et particuliĂšrement dans les rĂ©gions de lâextrĂȘme-nord qui demeurent toujours sous les menaces de la nĂ©buleuse de boko-haram et des massacres dans rĂ©gions dites anglophones. Par ailleurs, des revendications ethno-communautaires et la continuitĂ© de la crise post-Ă©lectorale qui dure depuis la prĂ©sidentielle de 2018. Le gouvernement camerounais pour endiguer la crise souffle le chaud et le froid, naviguant entre dialogue Ă peine ouvert et rĂ©pression armĂ©e. MalgrĂ© la tenue dâun Grand Dialogue National, les massacres, les viols et les exĂ©cutions sommaires ne cessent de se perpĂ©trer dans les deux rĂ©gions. Les deux camps se rejetant le tort sous cette tension, une autre Ă©lection se prĂ©pare pour 6 dĂ©cembre 2020, il sâagit de lâĂ©lection des conseillers rĂ©gionaux pour laquelle le leader de lâopposition Maurice Kamto a lancĂ© un mot dâordre de boycott et est assignĂ© de fait Ă rĂ©sidence. Le prĂ©sident français, Emmanuel Macron vient de sâexprimer Ă ce sujet pour inviter son homologue camerounais Ă plus dâouverture et au renouvellement de la classe politique afin de pacifier le pays.
IDĂES MAJEURES :
LâinefficacitĂ© des dialogues nationaux au Cameroun trouve sa source dans la volontĂ© du rĂ©gime politique de se perpĂ©trer tout en assurant aux diffĂ©rentes classes sociales des mutations contrĂŽlĂ©es. Il sâen suit des tractations entre acteurs du dialogue qui lĂšsent les populations et leurs principales revendications. LâĂ©chec du Grand Dialogue National est le fait dâune imprĂ©paration et de lâexclusion des dĂ©bats de la problĂ©matique sur la forme de lâEtat (dĂ©centralisation-fĂ©dĂ©ralisme) et alternance au pouvoir. Une nĂ©gociation et une mĂ©diation entre les diffĂ©rents acteurs devraient intĂ©grer le dĂ©passement de la question sur la forme de lâEtat pour questionner celle de la source du pouvoir et la rĂ©partition des richesses. En cela le fĂ©dĂ©ralisme communautaire semble ĂȘtre le mieux adaptĂ© au contexte camerounais.
PROBLĂMATIQUE :
– Les dĂ©cideurs camerounais pourraient-ils cĂ©der Ă lâimplication des acteurs extĂ©rieurs dans le processus de paix et de rĂ©conciliation?
– La France qui aurait jouĂ© un rĂŽle trouble Ă la confĂ©rence de Foumban serait-elle crĂ©dible Ă jouer les mĂ©diateurs au Cameroun ?
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