Par Vincent Mukwege
RÉSUMÉ:
Ce papier de recherche prend appui sur une chronique de la communication conflictuelle de fin de règne en République Démocratique du Congo (RDC). La communication conflictuelle est un volet de la communication politique, caractérisée par des affrontements, des discours contradictoires où les femmes et hommes politiques, les journalistes et l’opinion s’expriment publiquement sur la vie politique. Les manœuvres dilatoires du régime visent à « temporiser » afin de repousser jusqu’aux calendes grecques les élections et l’alternance politique. Car, il existe deux méthodes pour baisser la fièvre : se faire soigner ou trafiquer le thermomètre. Les politiciens recourent généralement à cette dernière parce qu’ils ont la maîtrise du thermomètre, laquelle finit par monter ses limites.
CONTEXTE:
L’alternance politique congolaise célébrée le 24 janvier 2019 a été appréciée, à juste titre, comme l’avènement d’un un événement inouï dans l’histoire politique congolaise et africaine. Cependant, bien qu’ayant consacré une passation « civilisée » et « pacifique » du pouvoir, entre un président sortant et un président entrant, elle aura été, pour le moins, démocratique, au regard du non-respect des principes relatifs à la transparence, la crédibilité, la fiabilité, la vérité, etc. Nonobstant ces séquelles socialement acceptables dans une jeune démocratie qui se recherche, les Congolais ont assumé, à l’interne et aux yeux du monde, leurs erreurs pour ne pas jeter à la fois le bébé et l’eau du bain nés des élections du 30 décembre 2018.
PROBLÉMATIQUE:
Les acteurs en scène sur le puzzle politique congolais récemment observé, sont-ils les seuls et réels à en déterminer les uns l’épuisement, l’effondrement ; et les autres, ces efforts tant déployés pour l’auto-reconstruction et la survivance du défunt régime?
D’une part, les tentatives de confiscation du pouvoir par le régime ont été caractérisées par des manœuvres du Parlement visant la révision constitutionnelle à même de garantir un 3e mandat au Président Joseph Kabila (JKK) ; le projet de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) d’entreprendre un recensement des électeurs qui irait au-delà de 3 ans afin de temporiser et consolider le glissement du calendrier électoral ; la répression des manifestations par les agents de l’ordre ; l’arrestation et l’incarcération des manifestants et opposants, etc. D’autre part, la Société civile et l’opposition politique ont mis en œuvre un dispositif visant à surveiller les actes du régime afin de le désarmer progressivement dans sa stratégie de glissement et de confiscation du pouvoir, au-delà de deux mandats constitutionnels.
IDEES MAJEURES :
1. L’alternance politique congolaise advenue en janvier 2019 est une réalité construite sur base des affrontements et dépassement des contradictions ;
2. La pression exercée par les variables internes et externes défavorables au glissement a condit à l’alternance politique à travers des négociations, des affrontements et la locomotive électorale ;
3. Les verrous constitutionnels ont barré la route à la révision constitutionnelle et au 3e mandat du Président Joseph Kabila ;