Comprendre et lutter contre les groupes armés au Sahel

Par Francois Vandendriessche

RÉSUMÉ:
Cette note d’opinion tente d’approfondir et de dépasser la notion de terrorisme employée pour qualifier les organisations armées qui sévissent au Sahel. Elle cherche à séparer les organisations armées religieuses des organisations aux motifs politiques. Elle vise à mettre en exergue, au sein même de ces groupes, les contradictions et les paradoxes entre idéologie et business crapuleux qui les animent au quotidien. L’auteur de cette note cherche à clarifier le mode opératoire de ces organisations ainsi que leur source de financement et d’approvisionnement en armes. Il revient sur le rôle déclinant d’Al-Qaïda comme mentor des organisations armées au Sahel et sur la montée en puissance de l’organisation « Etat Islamique ». Enfin, il tente d’expliquer quelles solutions sont déjà mises en place pour contrer ces organisations armées et les mesures qui devraient être prises pour poursuivre cet effort. Il revient sur l’intervention ambigüe de la France au Mali depuis janvier 2013 mais également sur le rôle de la Force Mixte censée combattre Boko Haram au Nigéria et au-delà de ses frontières. Enfin, il pointe du doigt les enjeux économiques et politiques latents qui empêchent les pays et les organisations régionales africains d’adopter une vision à long terme des enjeux sécuritaires au Sahel.

PROBLÉMATIQUE:
Est-il adapté de parler de terrorisme pour qualifier les organisations armées qui combattent au Sahel ?
Quelles solutions doivent être apportées pour combattre ces organisations efficacement ?

CONTEXTE DE LA NOTE:
Cette note d’opinion s’insère dans un contexte géopolitique tendu, marqué par la multiplication et le rapprochement dans le temps des attentats terroristes revendiqués par des islamistes à travers le monde. Les organisations régionales, les gouvernements nationaux et les Nations-Unies tentent de prendre le problème à bras le corps mais connaissent de grandes difficultés à combattre des groupes aux contours peu définis et géographiquement dispersés. La chute du colonel Khadafi en Libye a rendu plus poreuses les frontières sahéliennes déjà fragiles facilitant les mouvements d’armes et de personnes sur toute la bande sahélienne. Le Sahel abrite de très nombreux groupes armés, qui agissent depuis des décennies dans la région, mais qui n’hésitent plus, aujourd’hui, à dépasser les frontières nationales pour répandre la terreur et médiatiser leur existence.

IDÉES MAJEURES:
– Les organisations armées qui se revendiquent de l’islam, cachent souvent leur motivation réelle, à savoir leur enrichissement, derrière des justifications idéologique et religieuse bancales.
– La prise de pouvoir fulgurante de l’organisation « Etat Islamique » et l’agonie progressive d’Al-Qaïda troublent les organisations armées sahéliennes qui hésitent à prêter allégeance à l’une des deux organisations internationales.
– Plutôt qu’un simple moyen d’action symbolique et qu’une façon de financer des actions fortes, les prises d’otage et la contrebande sont devenues un véritable business.
– L’intervention conjointe des forces françaises, américaines et africaines commencent à porter leur fruit face à Boko Haram, mais restent peu efficaces contre les autres groupes armés moins localisés.
– La question de la sécurité au Sahel doit clairement être traitée rapidement, notamment par une intervention militaire, mais elle mérite également de prendre en compte les raisons profondes de la violence dans la région et d’adopter les remèdes qui en traitent les causes et non les symptômes.

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