Par Fatou Ndiaye Sadji
RÉSUMÉ:
Cette note d’analyse politique tente d’apporter le discrédit sur l’idée même d’organisation d’élections présidentielles avant la fin de l’année 2018 en Libye avec l’appui soutenu de la France. Elle cherche à démontrer l’inapplicabilité des solutions envisagées par ce dernier dans ce contexte avec une histoire politique totalement différente de la sienne. Elle dénonce le caractère illogique de la justification de l’ingérence étant donné que la première fois l’intervention a eu lieu pour permettre au peuple libyen de disposer d’eux même alors que cette seconde est une décision à la place même de ce peuple. La présente note passe en revue les raisons internes à ce pays qui font que des élections sont vouées à l’échec car le peuple divisé et longtemps exclu de la sphère politique, non éduquée à se prononcer sur ces questions n’est pas encore prêt pour cette étape. Elle s’attarde sur l’organisation politique actuelle et esquisse des schémas pour l’avenir.
PROBLÉMATIQUE:
Quel est le modèle d’élection adapté à la Libye ?
Des élections peuvent-elles régler le problème libyen ?
De quoi le pays a réellement besoin pour sortir de la crise ?
CONTEXTE:
Cette note d’analyse politique s’insère dans un contexte géopolitique rythmé par plusieurs échecs de conciliation entreprise par la communauté internationale, une énième tentative de mettre fin au chaos libyen qui dure depuis la chute du régime Kadhafiste en 2011 dans ce pays morcelé entre puissance rivales, milices armées et groupes terroristes.
IDÉES MAJEURES:
– Il n’existe pas un modèle de démocratie prédéfini applicable à tous les pays. L’histoire de la construction de l’État et donc l’histoire politique est à prendre en considération avant d’envisager des solutions sur le long terme aux problèmes de gouvernance.
– Le morcellement du pouvoir effectué par Kadhafi qui avait peur de voir une entité finir par s’autonomiser rend aujourd’hui difficile la réunion autour de mêmes idéaux. La fragmentation sociologique autour des tribus entretenu par ce dernier rend aussi difficile le rassemblement de la population pour constituer une nation unie.
– Le gouvernement de l’Ouest mis en place par l’Occident est incompétent pour gérer son territoire et protéger la population des milices armées et des attaques terroristes. Cet échec à l’échelle régionale donne un aperçu de ce que donnerait ce régime à l’échelle nationale.
– Le gouvernement de l’Est bien qu’illégitime au début a fini par séduire en faisant ses preuves dans la lutte contre le terrorisme. Il semble plus adapté pour répondre aux problèmes libyens à l’échelle nationale mais est mal vu en raison de la place importante qu’il accorde à l’armée. A cela s’ajoute l’âge avancé du leader qui rencontre des problèmes de santé, ce qui constitue un problème interne qui pèse sur le futur de cette organisation.
– L’organisation en fédération pourrait être la solution ultime pour pallier le dysfonctionnement du système politique libyen.