Par Adolphe Agenonga Chober
RÉSUMÉ:
Parmi les questions qui alimentent les débats au sein des institutions politiques en République Démocratique du Congo (RDC), le retrait de la Mission des Nations Unies (MONUSCO) figure en bonne posture. Cette boîte de pandore a été ouverte dans un contexte marqué par la fragilité de la paix et de la sécurité, notamment, dans la partie orientale du pays où pullulent des groupes armés. Pourtant, l’environnement sécuritaire actuel démontre que la MONUSCO constitue un acteur incontournable de la consolidation de la paix alors que le secteur de la défense congolais accuse encore de nombreuses failles.
Cette note interroge les motivations des institutions congolaises à entreprendre la démarche du retrait de la mission onusienne et l’état de débat qui en résulte. En outre, la présente note essaie d’examiner les risques encourus par la RDC au regard de l’imbrication de dynamismes et des enjeux géopolitiques en cas du désengagement précipité de cette mission.
Enfin, cette analyse tentera d’explorer des options avantageuses, rationnelles et réalistes pouvant permettre à la RDC et à l’ONU de préserver les acquis de la paix et d’enrayer, efficacement, les risques de subversion.
PROBLÉMATIQUE:
Les controverses autour de retrait de la MONUSCO appellent les questions suivantes :
– Pourquoi la RDC tient-elle au retrait de la force onusienne alors que la sécurité demeure encore fragile ?
– Une telle démarche ne risque-t-elle pas d’entraîner l’embrasement total de la RDC ?
– Que préconiser, en guise des pistes de solution, pour préserver les acquis de la paix et contenir efficacement les menaces sécuritaires en RDC ?
CONTEXTE DE LA NOTE:
Le débat du retrait de la MONUSCO est soulevé par le gouvernement de la RDC dans le contexte où la partie orientale du pays est en proie à des menaces sécuritaires grandissantes qui résultent de l’imbrication d’un kaléidoscope de mouvements subversifs ayant des agendas divergents et recourant à des modes opératoires allant de la guérilla à l’asymétrie. Outre les groupes armés d’origine congolaise comprenant plus de 90% de ces mouvements, il apparaît clairement que la RDC constitue, également, un sanctuaire d’autres combattants étrangers, en l’occurrence :
– Les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) : un mouvement politico-militaire et ethnique constitué des combattants issus de la communauté hutue du Rwanda ;
– L’Armée de Résistance du Seigneur (LRA), un groupe politico-religieux d’origine ougandaise issu de la communauté Acholi basée au Nord de ce pays ;
– Les Forces Démocratiques Alliées -Armée Nationale de Libération de l’Ouganda (ADF-NALU), un couple formé de deux mouvements extrémistes musulmans distincts d’origine ougandaise ayant fusionné au cours des années 1995, opérant sur la colline escarpée du Mont Ruwenzori à la frontière ougando-rwandaise dans le territoire de Beni (RDC);
– Les combattants ex-Forces Nationales de Libération du Burundi (FNL) qui sévissent à travers la frontière de deux Etats .
Le dénominateur commun des groupes armés congolais et étrangers se traduit par le fait qu’ils recourent aux mêmes stratégies de survie fondées, essentiellement, sur la prédation, la contrebande et l’économie criminelle. Aussi, faut-il souligner que d’autres se livrent à la perception des taxes imposées dans les zones où ils opèrent et, dans une moindre mesure, à des rançons exigées des otages.
Pour faire face à ces menaces, l’armée congolaise, seule, a accusé ses faiblesses. Elle s’appuie sur la MONUSCO qui lui procure les soutiens multidimensionnels : logistiques, militaires, opérationnels, voire des renseignements.
Par ailleurs, il faut souligner que la RDC s’approche d’une période critique où le président de la République, appelé à finir son dernier mandat constitutionnel en décembre 2016, n’offre pas les garanties de l’alternance apaisée. Cette ambiguïté sur son avenir politique menace de plonger le pays dans un nouveau cycle des violences.
IDÉES MAJEURES:
– La RDC réclame le retrait des casques bleus des Nations-Unies de son territoire ;
– Pourtant, la partie orientale de ce pays constitue une zone névralgique où fourmille un kaléidoscope de mouvements subversifs ;
– De plus, l’expérience démontre que, sans le concours de la mission onusienne, l’armée congolaise n’est pas en mesure de venir à bout de ces mouvements.