Par Pius Muzombo
RÉSUMÉ:
Cet article présente la situation politique en République Démocratique du Congo (RDC) dans un moment crucial de son histoire. Il vise à analyser la crise actuelle et tente de proposer des pistes de solutions pour éviter un regain de violence. En effet, Joseph Kabila est au pouvoir depuis 2001. Après l’organisation de la première élection démocratique en 2006, la constitution promulguée par lui-même le 18 février 2006 lui une octroie un mandat renouvelable une seule fois.
L’année 2016 devrait normalement voir l’organisation de nouvelles élections présidentielles pouvant lancer le pays vers un chemin de la démocratie. Toutefois, l’organisation de cette élection présidentielle tant attendue par la classe politique congolaise semble s’éloigner de plus en plus, ouvrant la voie à des moments d’incertitudes. La CENI, la commission électorale du pays, se dit incapable de convoquer le corps électoral parce que le fichier électoral de 2011, récusé par la classe politique, nécessite une révision complète. Il faut donc organiser un nouveau recensement qui inclura les nouveaux majeurs. Mais ce remodelage du fichier électoral repousse l’organisation des élections sine die.
De ce fait, l’opposition politique, la société civile et la communauté internationale se mobilisent pour exiger le respect de l’ordre constitutionnel. Devant le refus de Joseph Kabila de laisser le pouvoir au mois de novembre 2016 et la détermination de l’opposition politique de faire respecter la constitution, les tensions politiques en RDC s’exacerbent.
PROBLÉMATIQUE:
Quelles sont les causes de l’instabilité politique ? Comment la classe politique congolaise s’y prend-elle pour gérer cette crise ? Quels sont les acteurs aux prises dans cette crise ? Comment sortir de cette crise ?
CONTEXTE DE LA NOTE:
Cette note d’analyse s’inscrit dans un contexte où la classe politique congolaise est divisée à cause de la non tenue des élections présidentielles prévues constitutionnellement au mois de novembre 2016. Face à cette impasse électorale, la majorité présidentielle appelle les opposants au dialogue pour rechercher les voies de sorties de crise.
Par ailleurs, l’opposition congolaise exige le respect du délai constitutionnel. Elle accuse la majorité au pouvoir d’être à l’origine du retard accumulé pour l’organisation des élections Eu égard des agendas cachés de chaque parti politique à la recherche d’un positionnement, le dialogue semble au point mort. Le facilitateur désigné par l’Union Africaine, Edem Kodjo, pris entre deux feux, éprouve des difficultés à trouver un consensus, ne serait-ce que pour l’organisation des travaux préparatoires, chaque parti tenant mordicus à sa position.
Cette dichotomie peint un tableau sombre du paysage politique congolais, vu la détermination de tous les acteurs de faire prévaloir leurs revendications. En dépit de l’appel à un consensus de la communauté internationale, la radicalisation de chaque partie face à cette crise présage une instabilité et un tsunami politique d’envergure en RDC.
IDÉES MAJEURES:
Un retard de l’organisation des élections au niveau de la base nourrissait déjà un climat de méfiance au sein de la classe politique. L’adoption de la loi électorale a constitué un goulet d’étranglement entre l’opposition et la majorité, ce qui a poussé au retard de l’installation de la machine électorale. La conscientisation et la mobilisation de l’opposition congolaise attisent un engouement et un éveil de la population congolaise.
Parallèlement, la communauté internationale, qui souhaite que la RDC rentre parmi les pays démocratiques d’Afrique en organisant cette élection présidentielle de 2016, fait pression sur la majorité. Un consortium d’acteurs politiques nationaux, des pays de la région doivent s’impliquer pour aider à trouver un terrain d’attente.