Par Ladislas Nze Bekale
RÉSUMÉ :
L’organisation africaine est actuellement en pleine restructuration. La présente contribution vise à appréhender le lien entre ses aspirations confirmées par l’Agenda 2063 et cette réforme. L’originalité ou encore la spécificité de l’UA porte essentiellement sur le caractère tridimensionnel (continental, régional et national) de son d’action, particulièrement dans la mise en œuvre de ses politiques. Dès lors, une réforme visant à faire de l’UA une organisation efficace ne devrait donc exclure aucun niveau de mise en œuvre des politiques, autrement cette restructuration risquerait une trajectoire aporétique. Bien que la complexité des CER (Communauté Economique Régionale) soit une émanation des orientations choisies par les États, il est aussi à préciser que, l’exécution des politiques confirme que le niveau garant de leur mise en œuvre (national) parait encore plus aléatoire. Dans ces circonstances le doute cartésien devient la règle quant à la possibilité d’entrevoir l’acteur unique (Etat membre) et tout puissant, infléchir sa position pour œuvrer facilement à l’édification de l’Afrique que nous voulons tous.
CONTEXTE :
En 2017, l’Union africaine entamait un processus de restructuration mené par le Président Rwandais Paul Kagamé. Cette politique a été annoncée par une médiatisation et une publicité similaire à celle de la Conférence des Chefs d’État de l’UA. Cette réforme ambitionne de conduire l’organisation et le continent vers la modernité et la prospérité. L’implémentation de la réforme de la Commission, organe administratif et de coordination de l’Union, a débuté en février 2021 avec l’élection de la nouvelle Commission. La désignation du nouveau leadership étant désormais fondée sur les critères de compétences et l’égalité hommes femmes, en plus de la répartition géographique. Seulement des interrogations relatives à l’approche de cette réforme médiatisée persistent. La présente contribution propose d’ouvrir ou du moins adhérer au débat sur la formule choisie pour la réforme de l’UA.
IDÉES MAJEURES :
• L’impérativité d’une cohérence politique entre la réforme et les objectifs de l’Union africaine.
• La réforme de l’UA et le défi de la coordination des CER aux multiples visions.
• La réforme de l’UA : Quelle éventualité d’une réorientation de la mise en œuvre des politiques au niveau des Etats membres ?
PROBLÉMATIQUE :
La restructuration de l’UA étant désormais à son implémentation, cette réorganisation suscite des interrogations. La principale est inhérente à la sincérité de la technique de conduite de ce changement. En considérant que les politiques de l’UA sont réalisées aux niveaux : continental (Union), régional (Communauté Economique Régionale) et national (États membres), quelles sont les procédés d’alignement de la réforme sur des CER et les États membres ? Le fonctionnement de l’Union africaine montre que le niveau national est le lieu de cristallisation des politiques communautaires en vue de la construction de l’Afrique que nous voulons tous. Par conséquent, toute démarche biaisée hypothéquerait les perspectives d’efficacité et d’accomplissement de l’Agenda 2063, sauf si a contrario les acteurs et les auteurs de cette restructuration se transcrivent dans un exercice de sophisme.