Par Oumar Abdou Abbami | Téléchargez l’article
Depuis le 11 avril 2021, jour de l’élection présidentiel les groupes rebelles du front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), ont lancé leur offensive contre les institutions de l’Etat depuis de leurs bases en Libye. L’armée s’est mobilisée sous le commandement du Marechal du Tchad Idriss Deby Itno (MIDI). Ce dernier est mort suite à ses blessures au front le 20 Avril 2021. Les soldats ont alors désigné un nouveau chef suprême des armées, le General de corps d’armée Mahamat Idriss Deby Itno, pour diriger le combat et sécuriser les institutions de l’Etat.
La prise de pouvoir par l’armée est décriée par beaucoup d’acteurs et institutions internationales qui appellent au retour de l’ordre constitutionnel. Ce dernier apparaît toutefois complexe en raison de la non mise en place du SENAT, car la constitution tchadienne de 2021, prévoit qu’en cas d’absence majeure constatée, c’est le président du SENAT qui doit succéder au chef de l’Etat et organiser les élections en 45 jours et, en cas d’empêchement de celui-ci, son vice-président.
Mais le Tchad n’a pas mis en place le SENAT et les militaires ont demandé au Président de l’assemblée d’assumer ce rôle, ce qu’il a refusé à cause de la complexité de ce pays et de son armée, qui n’obéit qu’aux militaires. L’armée a alors désigné le fils du défunt président Mahamat Idriss Deby comme nouveau commandant en chef pour assumer le rôle de chef de l’Etat durant 18 mois après la dissolution de la constitution et la mise en place de la charte de transition.
Cette prise de pouvoir par l’armée est soutenue par l’ancienne puissance coloniale qu’est la France, mais aussi par plusieurs amis et soutien du Tchad au nom de la stabilité et de lutte contre le terrorisme au Sahel. On constate, à ce propos, la présence de la majorité des présidents des pays du sahel et le président français ainsi que l’absence de presque tous les chefs d’Etat de l’Afrique centrale, à l’exception notable du président centrafricain.
Echec des manifestations pour les retours à l’ordre constitutionnel
L’opposition tchadienne est, dans son ensemble, silencieuse, en dehors d’un petit groupe de partis d’opposition et de certains leaders des organisations de la société civile qui s’insurgent contre le CMT et enregistrent de plus en plus d’échecs cuisant dans la capital Ndjamena et d’autres villes du Sud et a Mongo au centre. La marche est organisée par un groupe d’opposition dénommée « WAKIT TAMMA » – le moment est venu en français, qui avaient appelé à manifester contre la prise de pouvoir par Mahamat Idriss Deby.
La manifestation du 27 Avril 2021 a plongé beaucoup des manifestants dans la peur. De ce fait, seule une dizaine des personnes est sortie pour manifester. En réalité, la marche qui devait être pacifique et bénéficier de la protection de la police a été très rapidement réprimée, du fait de l’attitude des manifestants radicaux qui ont cassé les stations d’essence Total en représailles contre le soutien de la France a ce régime.
Le premier ministre Pahimi Padacke Albert a présenté une liste de 40 membres du gouvernement de son gouvernement de transition. Rendu public le 02 Mai 2021, le décret N°06, porte nomination du gouvernement de transition. Selon le dite document, les membres du gouvernement de transition sont nommé sur proposition du Premier ministre.
Il faut noter que plusieurs membres du gouvernement de l’ancien président figurent parmi le gouvernement ; ils sont donc reconduits à leurs postes dans cette nouvelle équipe gouvernementale.
L’offensive diplomatique du CMT
Le chef du CMT, dépêché en urgence, est petit frère et directeur de cabinet adjoint dans les pays d’Afrique central pour rencontrer les chefs d’Etat. Abdelkerim Idriss Deby a rencontré tour à tour les presidents Kgamé, Biya , Obyang, Sassou, Touadera, …, pour transmetrre le message du Président du CMT.
Cette visite, première du genre dans ces pays depuis l’arrivée au pouvoir du CMT, montre la solidarité de ces pays avec le peuple tchadien. Rappelons que le Maréchal du Tchad avait renforcé ces relations avec tous les pays voisins et, plus encore, avec ceux d’Afrique centrale.
Le président du CMT, du Tchad a fait son premier déplacement en dehors du pays au Niger le lundi 10 Mai 2021. C’était sa première visite chez Mohammad Bazoum qui a été designé par ses pairs du G5 sahel médiateur dans la crise politique tchadienne après le décès du président Midi. Il a été accueilli à la descente de l’avion par le premier ministre du Niger Ouhoumoudou Mohamadou. Son tête-a-tête avec le président Bazoum a été chaleureux et il a pris la parole devant les medias pour la première fois. Apres cette rencontre il a pris la direction de la base des soldats tchadiens aux trois frontières pour leur donner des consignes sur les respects d’engagements du pays et les respects des accords avec les partenaires.
La reconnaissance sur le plan interne et international
Nous avons constaté la reconnaissance de ce régime immédiatement par la population et la majorité des acteurs sociaux-politiques. Malgré les contestations d’un petit groupe des organisations de la société civile et des partis politiques d’opposition.
Sur le plan international nous avons vu la reconnaissance immédiate de la France et le soutien direct de l’union européenne. Même si la BAD a sanctionné , l’Union Africaine a fait des recommandations pour l’accompagnement du Tchad durant cette transition unique en son genre et très complexe.
Enfin, la CMT et le premier ont continué leurs consultations pour la mise en place des institutions nouvelles et ont désigné les acteurs qui doivent les accompagner dans cette transition.