Par Joseph Tchinda
RÉSUMÉ:
Les pratiques discriminantes ou du moins le sentiment de vivre une discrimination ont pendant longtemps reposé sur la couleur de la peau (la race). Nous avons encore en mémoire la situation des Noirs aux États-Unis et en Afrique du Sud sous le régime de l’Apartheid. De nos jours, à ces actes, se sont également superposés des incidents de stigmatisation difficiles à qualifier et donc à réprimer. Dans les pays du Sud, au-delà de la race, certaines pratiques vécues ou perçues comme discriminantes reposent désormais sur des critères linguistiques avec des assises territoriales et amènent les groupes à remettre en question la nature ou mieux la forme de l’État. C’est le cas du désormais (on aimerait même dire éternel) »problème anglophone », véritable secret de polichinelle qui défraie la chronique depuis quelques mois au Cameroun. En effet, à la suite des revendications des avocats anglophones et des marches supposées des enseignants de même expression, nous avons assisté à une vague de protestations sans précédent, allant de la désobéissance civile jusqu’aux appels à la sécession en passant par l’appel à un retour à la fédération, les affrontements, la grève des enseignants, une vaste campagne de dénonciation via les réseaux sociaux, etc. La réaction des autorités a également oscillé entre répression, apaisement, isolement et tentative de médiation. Ces positions ont d’ailleurs suscité de vives réactions auprès des Camerounais d’expression française au point de diviser les »intellectuels » et la société avec. Ce problème est-il nouveau ? Comment l’État du Camerounais peut-il, au-delà du jeu politicien, y répondre dans une approche inclusive ? Ces deux questions constituent le fil directeur de cette contribution qui vise à montrer que seul un processus participatif au développement du territoire est en mesure d’y apporter des solutions durables
CONTEXTE DE LA NOTE:
Le Cameroun tout comme de nombreux pays du Sud fait face à de nombreux mouvements irrédentistes voire identitaires. Ces derniers s’appuient sur certaines pratiques vécues ou perçues comme discriminantes et reposent désormais sur des critères linguistiques avec des assises territoriales. C’est le cas du problème Anglophone qui défraie la chronique depuis plusieurs mois. En effet, à la suite des revendications des avocats anglophones et des marches supposées des enseignants de même expression, nous avons assisté à une vague de protestations sans précédent, allant de la désobéissance civile jusqu’aux appels à la sécession en passant par l’appel à un retour à la fédération, les affrontements, la grève des enseignants, une vaste campagne de dénonciation via les réseaux sociaux, etc.
IDEES MAJEURES:
– Les revendications ou réclamations portées par la minorité anglophone au Cameroun plus connues sous l’expression ‘’Problème Anglophone’’ divisent une partie de la classe politique et intellectuelle camerounaise. En effet, ces griefs qui questionnent le respect des clauses de la formation de l’État fédéral, puis unitaire et la gouvernance dans son ensemble, relèvent d’un véritable secret de polichinelle.
– L’expression du mal-être des Anglophones au Cameroun, longtemps portée par des élites politiques au travers des associations et actions diplomatiques, tend à se diffuser au sein de la population et de la société civile. La conséquence étant la remise en cause de la forme de l’État.
– La gestion du problème anglophone par l’État du Cameroun doit sortir des schémas habituels. En lieu et place des arrangements et accommodements politiciens et autres aménagements cosmétiques, il est urgent de dépasser les plans d’urgence pour penser le long terme. Ainsi, un management de l’urgence et de la réaction ne peut venir à bout de revendications qui menacent la stabilité d’une nation.
– À travers la construction d’un nouveau contrat social, l’État doit être à l’écoute des énergies en travail dans le triangle national et mettre en dialogue les différents registres de légitimité afin que chacun prenne véritablement sa place et se sente concerné.
– Les différents groupes linguistiques au Cameroun, au-delà de la complexité de leurs relations, doivent apprendre à communiquer entre eux, à mieux se connaître et à se découvrir au-delà des préjugés, des stéréotypes et des clivages de leurs ‘’cultures d’origine’’.