Par Victoria Madonna RÉSUMÉ: La révolution des technologies de l’information et de la communication et la complexité technique croissante des problématiques politiques qui ont accompagné la globalisation, ont permis un véritable essor des think tanks au XXIe siècle. Aujourd’hui, le paysage international est largement dominé par les think tanks américains, dont le budget annuel peut atteindre 120 millions de dollars. En comparaison, les think tanks africains ne disposent que de peu de moyens et reposent pour beaucoup sur le bénévolat de leurs membres. Très dépendants des bailleurs internationaux, ils sont souvent perçus comme une menace par les régimes politiques autoritaires, qui les accusent d’être instrumentalisés par l’Occident. Pourtant, les think tanks africains font preuve de plus en plus d’ingéniosité et de créativité pour se distinguer des ONG et des organisations internationales avec lesquelles ils partagent les mêmes espaces. Dans plusieurs pays d’Afrique, les exemples de collaboration entre think tanks et pouvoir politique se multiplient. Ceci montre que les sociétés africaines sont plus ouvertes au pluralisme des idées et que certains gouvernements ont compris que les think tanks pouvaient participer au processus de réflexion politique, constituer de véritables outils d’influence au service de leur politique extérieure, tout en conservant leur indépendance intellectuelle et financière. Dans notre monde multipolaire, les acteurs politiques internationaux sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à s’intéresser aux think tanks africains. Ils ont pris conscience qu’ils pouvaient être les acteurs diplomatiques de demain et de futurs partenaires stratégiques. Il revient alors aussi aux diplomates africains d’investir dans le développement des think tanks, pour leur permettre de maximiser leur pouvoir d’influence, dans le cadre de relations bilatérales et multilatérales avec d’autres pays.
PROBLÉMATIQUE: Quel pouvoir d’influence ont les think tanks africains pour peser dans les relations diplomatiques sur le continent et avec le reste du monde ? Leur activisme scientifique permet-il vraiment d’engager chercheurs et politiciens dans le débat des idées et dans le débat politique ? CONTEXTE: Les think tanks ont émergé sur la scène internationale dans la deuxième moitié du XXe siècle mais plus tardivement en Afrique, notamment en raison des régimes politiques autoritaires, qui ont censuré tout pluralisme des idées jusqu’à la fin des années 1980. Les nouvelles dynamiques géopolitiques actuelles, qui embrassent le mouvement du multipolarisme, invitent à réfléchir de nouveau sur le rôle des think tanks en Afrique. Face au rejet de l’establishment politique traditionnel et avec l’explosion des nouvelles technologies de l’information et de la communication, les think tanks africains ont un rôle à jouer pour peser dans l’agenda international. Ils doivent utiliser leur activisme scientifique pour engager chercheurs, politiciens et acteurs de la société civile dans le débat des idées.
Le pouvoir des Think tank africains résidera dans la prise de risques et d’initiative quant à la propositions d’alternatives post-actuelles et comprenant les enjeux vitaux que sont l’environnement et la santé des peuples.
L’Afrique a une bonne carte à jouer en prenant de l’avance sur les politiques de développement en matière de qualité de vie, de biodiversité et surtout d’éducation.