L’ »Etat de siège », un dernier rempart pour la réinstauration de l’autorité de l’Etat ?

Par Touré Maliaka Sefu et Matthieu Mbavazi Arali

RESUME :
La présente feuille d’analyse politique procède de la vigilance « diachronique » développée depuis la fin de l’année 2017. Cette fin d’année a été marquée par un nouveau cauchemar traduit par l’embrasement du territoire de Djugu à un temps record.
Partant, elle entend scruter les menaces et opportunités ainsi que les forces et faiblesses de cette approche contraignante de paix, « l’état de siège », plus de cent cinquante jours après sa mise en œuvre. Il est question d’évaluer l’Etat de siège dans cette province en recourant au théorème d’analyse stratégique MOFF qui conditionne la prise en compte de deux axes, interne d’une part et externe de l’autre.

CONTEXTE :
Interrompue par une accalmie relative et/ ou de courte durée, la déferlante de violences « par le bas » dans les provinces de l’Est de la République Démocratique du Congo défraye fortement la chronique en maintenant leur cap depuis bientôt deux décennies.
Du recours à l’approche du dialogue et celle dite contre-insurrectionnelle, il se résume que l’Etat congolais n’a pas su mater des rebellions portées par une panoplie des groupes armés notamment dans les provinces de Kivu et de l’Ituri.
Désorienté par les qualités de sa riposte, le Gouvernement s’est appuyé sur la méthode de dissuasion forte qu’est l’« état de siège » dont les prémices sous-tendent un tout dernier voile en œuvre et dont l’examen intéresse cette feuille qui cible singulièrement la Province de l’Ituri pour des impératifs empiriques.

IDEES MAJEURES :
– Située à l’extrême Nord – Est de la RD Congo, la Province de l’Ituri parait comme une « antichambre » de l’enfer, accoutumée aux guerres à connotation tribale/interethnique.
– En réponse à ces guerres, sont mobilisées des approches entre autres contraignantes pour rapporter la paix. Cependant, l’Etat de siège comme une d’elles – mis en place dans un contexte politique assommé par des antivaleurs de toute nature – se retrouve à la croisée de chemins avec une marque se déclinant par une euphorie qui d’ores et déjà livrait les impressions de se muer en véritables déboires.
– En appui à la reddition forcée des groupes armés, des programmes « contextualisés » à exécuter dans le cadre du DDR en gestation offriraient l’opportunité de remédier aux causes structurelles de violence en Ituri en vue de la construction d’une paix estimée durable.

PROBLEMATIQUE :
C’est autour des interrogations ci-après que notre problématique a été construite :
– Pourquoi l’état de siège peine à ramener la paix en Ituri ?
– A quels impératifs répondraient des programmes DDR à implémenter en Ituri ?

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