Par Nkalwo Ngoula Joseph Léa
RÉSUMÉ:
L’Afrique est à la croisée de défis socio-économiques et sécuritaires majeurs. Face à l’urgence de la menace terroriste qui prospère sur la précarité sociale ambiante, l’Union Africaine (UA) a adopté un large éventail d’instruments juridiques et organisationnels pour endiguer son expansion sur le continent. A la percée djihadiste sans précédent, qui malmène les appareils sécuritaires étatiques, s’oppose la faiblesse des mécanismes élaborés par l’UA pour contrer la menace terroriste au niveau régional et continental. Nonobstant quelques avancées que l’on peut apprécier, persistent encore de nombreuses carences qui relèguent l’institution panafricaine au rang de maillon faible de la coopération internationale contre le terrorisme. La nature transfrontalière de la menace exige une prise en charge du problème au niveau continental. Mais celle-ci doit s’opérer de manière cohérente et coordonnée à travers l’élaboration d’une véritable stratégie antiterroriste. Aussi, la résolution des nombreuses pathologies qui affectent l’UA serait un atout dans cette bataille pour sortir l’Afrique du cercle vicieux de l’insécurité.
CONTEXTE DE LA NOTE:
Les entrepreneurs de la violence extrémiste ont changé d’échelle. Poursuivant jadis un agenda national, ils se sont progressivement internationalisés dans leur agenda et dans leur mode de déploiement. On observe aujourd’hui, parallèlement à l’affaiblissement du monopole des Etats, le triple phénomène de déterritorialisation, de réticulation − organisation en réseau − et de transnationalisation − dépassement du cadre étatique national − des mouvements terroristes et extrémistes. Face à ces dynamiques inédites, les réponses sécuritaires s’internationalisent et/ou se régionalisent. Les Nations Unies, l’Union Européenne mais aussi l’Union Africaine tentent de s’en saisir avec des moyens inégaux. La recrudescence des groupuscules et des attaques terroristes sur le continent nourrit cependant de vives inquiétudes et soulève des questions sur l’efficacité des moyens d’action mis en place par l’Union Africaine pour endiguer cette menace.
IDÉES MAJEURES:
Cette note s’articule autour de trois idées majeures :
– D’abord un constat : Contrairement au discours dominant sur l’inaction de l’Union Africaine face au terrorisme qui gagne du terrain en Afrique, il existe une large gamme d’instruments juridiques et de moyen d’actions – allant des mécanismes de coopération entre services de renseignement aux Forces régionales d’intervention – élaborés par l’UA pour contenir la menace terroriste sur le continent.
– Ensuite une évaluation : Malgré quelques expériences réussies, les mécanismes de lutte antiterroriste de l’Union Africaine peinent globalement à fonctionner efficacement pour des raisons qui tiennent à leur coordination et à leur financement. Ces problèmes nouveaux se superposent aux traditionnels problèmes de l’impuissance politique de l’UA et de l’absence de volonté politique de ses Etats membres, entravant les efforts dans la lutte antiterroriste.
– Enfin une recommandation : L’institution panafricaine se doit de penser une stratégie de lutte antiterroriste pour donner du sens et de la puissance à l’ensemble des instruments qui participent à son architecture de contreterrorisme.
[…] http://www.thinkingafrica.org/V2/lunion-africaine-a-lepreuve-du-terrorisme/ […]