Note d’analyse politique № 101 : Accès à internet et collecte de données dans un environnement de crise sécuritaire et humanitaire au sahel – OS TA – OIF

Les technologies de l’information et de la communication, ces dernières années, se sont considérablement illustrées dans les pays en développement et partout dans le monde, comme un élément primordial du développement (Bokini, 2019). Selon l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), dans le monde, environ 4,9 milliards de personnes ont utilisé Internet en 2021 contre 4,1 milliards environ en 2019. Cette forte progression s’explique non seulement par la montée de la digitalisation du fait de la COVID-19 et ses exigences en termes de distanciation, mais aussi et surtout par une utilisation accrue d’Internet dans tous les secteurs économiques des pays en développement. En effet dans ces pays, la pénétration d’Internet a augmenté de plus de 13% sur cette période (selon l’UIT).

Note-danalyse-politique-№-101-sur-Accès-a-internet-et-collecte-de-données-dans-un-environnement-de-crise-sécuritaire-et-humanitaire-au-sahel-OS-TA-OIF.pdf

×
Ces chiffres cachent cependant de grandes disparités. Si en 2015, dans les pays dits développés 81% des ménages des pays avaient accès à internet, dans les pays en développement, ceux-ci représentaient seulement 34 % contre 7 % dans les pays les moins avancés (PMA) auxquels appartiennent les pays du G5 Sahel (Secrétariat permanent G5 Sahel, 2016). En outre, les taux de pénétration d’Internet varient de 5% au Niger en 2018 à 21% en Mauritanie en 2017 (Banque mondiale, 2021). Les pays du Sahel ont ainsi faiblement accès aux technologies de l’information et de la communication et cela pourrait engendrer une situation d’insécurité des populations de ces régions qui risquent de se trouver isolées.

L’accès aux services internet permet pourtant le développement (Qiang and al., 2004) à cause de multiples utilisations dans tous les secteurs sociaux et économiques. Les technologies de l’information et de la communication stimulent en effet la croissance économique (Rath, et al, 2019) et aident à renforcer les capacités, la productivité mais aussi la compétitivité par une facilitation des échanges commerciaux (Singh et al, 2019).

Dans le domaine de la recherche scientifique au service du développement, l’utilisation d’Internet est aussi très courante. En effet, grâce à Internet, les chercheurs arrivent à vulgariser les résultats de leurs recherches, à diffuser des appels, à initier des partenariats avec d’autres chercheurs à travers le monde, mais surtout à collecter des données. Depuis la crise sanitaire liée à la COVID-19, les TIC ont montré toute leur importance, les contacts ayant pu être maintenus malgré la diminution des déplacements.

En ce qui concerne les données, la majorité de celles qui sont disponibles dans les pays provient des systèmes statistiques nationaux. Pour avoir des données mondiales d’une très bonne qualité, il est donc nécessaire que ces systèmes nationaux de statistiques soient performants pour que des politiques de développement efficaces puissent être élaborées.

En outre, aujourd’hui nous assistons dans le monde à plusieurs actions internationales pour le développement économique. Les regroupements économiques favorisent la hausse des échanges commerciaux et les organisations internationales ou non-gouvernementales aident au développement des pays en réduisant les disparités. L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en est un exemple puisqu’en plus de promouvoir la langue française, elle appuie l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche. La disponibilité de données fiables reste d’une importance capitale pour les politiques à mettre en œuvre par ces organisations. Une efficacité de ces politiques permettrait alors un suivi de la mise en œuvre des meilleures stratégies de développement avec un suivi des objectifs à atteindre dans le cadre des différents référentiels internationaux de développement en lien avec les objectifs de développement durable à l’horizon 2030. Cet objectif d’efficacité reste difficile à atteindre pour certains pays notamment ceux du Sahel qui voient leurs priorités s’orienter de plus en plus vers le renforcement de la sécurité intérieure et de la lutte contre le terrorisme.

Les Etats sahéliens font face depuis plusieurs années, surtout depuis la guerre en Libye, à une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent. Les pays de la zone sont en proie à des attaques terroristes et pour certains d’entre eux, les déplacements internes de populations deviennent difficiles et dangereux pour la stabilité sociale. Plusieurs régions dans ces pays sont en effet occupées par des hommes armés qui imposent leurs dictats et les routes nationales sont devenues pour la plupart difficilement praticables. Face à cette situation, la recherche scientifique, qui nécessite pour exister, que des données fiables soient collectées, n’est guère possible et les enquêtes socioéconomiques deviennent difficiles à mettre en œuvre car certaines zones restent inaccessibles car les routes pour y accéder restent dangereuses.

La collecte de données est une phase essentielle dans une étude empirique et tout travail de recherche nécessite que des informations soient récoltées et analysées dans l’objectif de vérifier des hypothèses et répondre à une problématique. Dans le contexte actuel de crise sécuritaire et humanitaire ainsi que d’accès difficile à Internet, comment améliorer la collecte et le suivi des flux des données de qualité dans les pays du Sahel ? Telle est la question à laquelle cette note répond.

Pour ce faire, la note présentera des enjeux de la collecte de données en ligne au Sahel. Par la suite, elle proposera des perspectives d’amélioration de la collecte et du suivi des flux de données dans ces zones.

Add Comment