Par Roméo Salami
RÉSUMÉ :
Cette note tente d’explorer les mécanismes efficaces pour le financement local de la recherche scientifique orientée vers le bien-être des peuples en Afrique subsaharienne. Elle s’applique à préciser l’importance de la recherche scientifique dans le développement des Etats subsahariens et dans l’expression de leur souveraineté. Elle rappelle l’urgence d’une décolonisation épistémologique au niveau de la pratique scientifique en Afrique subsaharienne, à l’instar de divers intellectuels et mouvements philosophiques. Liant la permanence de cette domination à la forte dépendance à l’aide extérieure, elle cherche à analyser les mécanismes actuels de financement national de la recherche au niveau de certains Etats pour en évaluer leur impact et révéler leur limite. Dans la trame de cette même analyse, l’auteur de la note prête une grande attention à de pertinentes propositions formulées au Bénin mais qui, faute de leur non-expression juridique, demeurent lettre morte. Tout en prenant en compte certaines initiatives en cours et certaines propositions non encore adoptées juridiquement, l’auteur propose, pour l’horizon 2030, une nouvelle disposition sur la dotation à allouer à la recherche scientifique par les Etats africains au niveau de leur PIB. Aussi, il indique de nouvelles pistes à exploiter pour le financement de la recherche scientifique au niveau local. Pour l’auteur, ces propositions, loin de constituer des réponses définitives, ne sont que des inputs dans le dialogue et la réflexion sur une prospective efficace relative au financement local de la recherche scientifique en Afrique subsaharienne.
CONTEXTE :
Cette note émerge dans un environnement subsaharien où le financement de la recherche scientifique est fortement lié à des fonds extérieurs. Les Etats subsahariens tentent d’équilibrer la balance du financement avec des initiatives locales, malheureusement, modestes face aux défis sociétaux à relever au moyen des fruits de la recherche scientifique et de l’innovation technologique. La crise sanitaire mondiale causée par le coronavirus a mis à jour des fractures importantes auxquelles sont encore confrontés les Etats subsahariens. Par des bonnes pratiques, certains Etats, comme l’Afrique du Sud, tentent de se démarquer, même si, dans l’ensemble, les Etats subsahariens demeurent encore fortement dépendants de l’aide extérieure pour la recherche scientifique orientée vers le développement et l’affirmation de leurs nations.
IDÉES MAJEURES :
– La politique scientifique nationale est un indice de souveraineté.
– Le développement et l’affirmation des Etats subsahariens résident dans les décisions politiques fondées sur de pointus et pertinents éclairages scientifiques.
– La décolonisation épistémologique, à matérialiser par la transgression méthodologique capable d’invention et d’innovation, est un impératif pour la profusion de la pensée scientifique en Afrique subsaharienne.
– L’organisation et le financement local de la recherche scientifique en Afrique subsaharienne demeurent modestes face aux défis sociétaux.
– L’accroissement du financement local de la recherche passera non seulement par une augmentation de la dotation allouée par les Etats à ce secteur, mais aussi par la promotion des mécénats nationaux de la science ainsi que de nouvelles initiatives comme l’émission d’obligations en faveur de la recherche scientifique.
PROBLÉMATIQUE :
Quels mécanismes adoptés au niveau des Etats subsahariens pour accroître le financement local de la recherche d’envergure pouvant servir à nos fins et à la solidarité mondiale ?