Pratiques artistiques contemporaines d’Afrique – Seloua Luste Boulbina

Seloua Luste Boulbina, algéro-française, est agrégée de philosophie et docteur en science politique.

Directrice de programme au Collège international de philosophie, Elle travaille sur la décolonisation des savoirs.
Auteure, elle a notamment publié « Le Singe de Kafka et autres propos sur la colonie » (Parangon, 2008) et « L’Afrique et ses fantômes » (Présence Africaine, 2015).

Dans cet entretien accordé à Thinking Africa, elle revient, entre autres, sur les pratiques artistiques contemporaines en Afrique.

Quelques verbatims extraits de l’entretien.

Sur la décolonisation

Il faut beaucoup de temps pour se décoloniser. L’indépendance, de mon point de vue, est le début de la décolonisation. Ce n’est pas la fin de la décolonisation.

Sur le marché de l’art

Il est vrai que les collectionneurs sont beaucoup moins africains, qu’européens ou américains. Ce qui déséquilibre la situation des artistes africains qui vivent dans leurs pays d’origine. Tandis que les artistes africains de la diaspora qui vivent dans les grandes métropoles internationales, avec des collectionneurs internationaux, peuvent rencontrer plus de facilité, du fait même qu’ils sont achetés.

Sur la démocratie

Contrairement à ce que certaines puissances occidentales ont pu développer comme politique, la démocratie ne s’exporte pas, elle ne peut que s’importer. Aucun pays ne peut exporter quelque modèle que ce soit sur le plan politique.

Sur Frantz Fanon

Frantz Fanon est quelqu’un qui a compris, par cette distance critique qui venait non seulement de sa formation mais aussi du fait qu’il venait d’ailleurs, qu’il n’y avait pas suffisamment de réflexion dans les mouvements d’indépendance, sur ce que les gens voulaient pour l’après indépendance. L’indépendance ne peut pas être un objectif en lui-même.

Sur l’art et la politique

Les effets de l’art ne sont pas du tout les mêmes que les effets d’une mesure politique. Par exemple, si on augmente le revenu minimum, l’effet est immédiat et est massif. Les effets de l’art ne sont pas de cet ordre, parce que l’art, dans ses effets, se dissémine, par capillarité…

SelouaLusteBoulbina