Rappelant les débats actuels autour de l’enseignement de l’histoire coloniale, cet article propose de revenir sur la représentation de la traite négrière et de l’esclavage à partir de la sélection d’une quinzaine de publications destinées à la jeunesse. Dans un premier temps, la lecture de ces ouvrages rend incontournable une réflexion sur les procédés de reconstitution historique et l’utilisation des images qui permettent de susciter l’intérêt des enfants. L’originalité des styles, des formats, des informations et des sources nous autorise à croiser les ouvrages et à envisager les commentaires sous des angles différents, notamment celui du racisme.
Mais discuter des libertés éventuelles prises par les auteurs impose dans un second temps de suivre le cheminement qu’ils proposent pour éclairer le lecteur sur cette sombre partie de l’histoire. Deux catégories principales d’ouvrages apparaissent. Si certaines publications avancent une argumentation solide basée sur une documentation particulièrement riche afin de prouver, d’autres se contentent d’une simple fiction pour que le jeune lecteur « entre dans l’histoire ».
Dans le premier cas, le travail de l’auteur porte sur la présentation des dates historiques et des références aux grandes figures abolitionnistes qui structurent les textes accompagnés d’illustrations et de témoignages. Dans le second cas, il est plutôt question d’utiliser les mots justes et simples afin d’éprouver le lecteur. Enfin, la lecture des Passagers du Vent de François Bourgeon permet notamment d’ouvrir la conclusion sur la place privilégiée de la bande dessinée, support livresque préféré de la jeunesse, et sur son potentiel pédagogique.