Le ‘‘Kankurang’’ signifie dans la langue mandingue ‘‘l’homme au masque’’ et est issu du Komo, une société secrète de chasseurs dont l’organisation et les pratiques ésotériques ont contribué à l’émergence des Mandingues. Le Kankurang, cette pratique qui parcourt le temps depuis plus de 100 ans est originaire de Gabou, Woyi et Pakao, et est un symbole fort de l’identité des communautés mandingue de la Sénégambie. Elle joue un rôle de régulation sociale et de protection de la nature à travers le rite d’initiation (marque de passage de la vie d’adolescence à la vie d’homme). Ce rite est une occasion pour les jeunes initiés d’apprendre les secrets des plantes et de leurs vertus médicinales et des techniques de chasse. Et le plus important ces jeunes doivent apprendre les règles de comportement qui garantissent la cohésion du groupe, le Kankurang permet également de prévenir les conflits au sein de la communauté mais aussi entre celle-ci et les autres communautés.
Comment elle se pratique ?
Chaque année le Kankurang sort durant le mois de septembre. La sortie du masque est associée à l’initiation des jeunes. Pendant cette période ces derniers reçoivent des ainés des connaissances sur certaines valeurs et acquièrent les comportements que la communauté exigé d’un homme mûr. Pendant tout le mois de septembre, la Collectivité mandingue expose son patrimoine culturel. Mbour (ville gardienne du Kankurang) va alors vibré sur du « Sowrouba », du « Kutiiroo », du « Junkurado » et du « Sabaroo », et aussi du « diambad song », des pas de danse sacrée qui accompagne les initiés de toutes les classes d’âge et prend départ de la brousse vers les différents « leuls » sur les sites du Woyinka, de Thiocé Est et Ouest, de Diamaguène, de Santessou et Mboulème les jeunes sont formés encadrés , et éduqué pour affronter leurs vies d’adultes.
Dans son rapport sur le mécanisme endogénes de prevention et de gestion des conflits en Afrique de l’Ouest Monsieur M. Almahady YATTARA décrit le personnage central du Kankurang comme un initié qui porte un masque fait d’écorce et de fibres rouges d’un arbre appelé faara ; il est vêtu de feuilles et son corps est peint de teintures végétales. Il est associé aux cérémonies de circoncision et aux rites initiatiques. Son apparition est marquée par une série d’étapes rituelles : la désignation de l’initié qui portera le masque et son investiture par les anciens, sa retraite dans la forêt avec les initiés, les veillées et processions dans le hameau des nouveaux initiés.
Ce qu’il faut retenir :
Le Kankurang est à la fois le garant de l’ordre et de la justice, En tant que tel, il assure la transmission et l’enseignement d’un ensemble de pratiques qui constituent le fondement de l’identité culturelle mandingue. Ce rituel, qui s’est étendu à d’autres communautés et groupes de la région, est l’occasion pour les jeunes initiés d’apprendre les règles de comportement qu’il faut adopter pour garantir la cohésion du groupe et les valeurs culturelle de la communauté mandingue. Aussi la valeur culturelle du Kankurang lui a valu son classement comme patrimoine immatériel de l’UNESCO depuis 2005.