Société et philosophie chez Kwame Nkrumah. Portée du Consciencisme sur le développement de l’Afrique

Par Armel Fofou Tchio

RESUME :
Société et philosophie sont inextricables du point de vue de Kwame Nkrumah. Cette interdépendance essaie de trancher la question du développement de l’Afrique qui est d’actualité. Son souci primordial était de sortir d’un contexte culturel, social et politique trouble. Pour en découdre, il élabore une philosophie, une idéologie pour la révolution et le développement de l’Afrique adossée sur les tares et les avatars de la colonisation, ayant pour ressort l’aliénation culturelle, la domination politique et l’exploitation économique de la société africaine. La philosophie étant le reflet de la société, il pense particulièrement que le Consciencisme doit être sa sève nourricière. Sortir de l’impasse suppose la renaissance culturelle, le socialisme, et le panafricanisme comme pilonnes du développement. Mais, en réduisant la philosophie à l’idéologie, l’intention de notre auteur devient peu crédible quant à la société africaine dont il se veut le Prométhée. L’extraversion des causes du sous-développement de l’Afrique que renforce Nkrumah, peut aboutir à la déresponsabilisation des Africains et à la passivité. De plus, la philosophie matérialiste extérieure à la conscience africaine qu’il propose, risque de saper ses bases humanistes en s’offrant à la réification de l’homme et au culte de l’hédonisme.

CONTEXTE :
Le problème du sous-développement de l’Afrique est devenu l’ « épistémê » de la classe intellectuelle africaine contemporaine. Les mots exprimant les choses, on ne peut taire les conditions de vie précaires que traversent les peuples. Elles dérivent des forces de la séparation visibles à travers la proéminence du terrorisme en Afrique du Nord, en Afrique centrale et de l’Ouest, puis de la survivance du tribalisme et du racisme sous des formes inédites que la mort du noir américain Georges Flyold et la haine anti-noir en Afrique du Sud ont dévoilé. Ainsi, nous semblons faire face à une crise axiologique, une chute des valeurs dans le vide qui se profile ; l’horizon capitaliste postmoderne actuel est celui de l’appât du gain, de l’intérêt, au détriment du socialisme, de la dignité humaine qui rappellent sans cesse les valeurs cardinales que charrie une humanité authentique : le Beau, le Juste, le Vrai et le Bien. En outre, le prolongement de la nuit se fait grand. L’immigration clandestine est l’une des failles de la démocratisation des sociétés postcoloniales, fragmentées et émiettées depuis la Conférence de Berlin en 1884, affaiblies par les inégalités et la démocratie qui peine à se greffer au Etats, spoliées à travers un régime monétaire, économique, politique extraverti et impuissant pour permettre au continent d’être sa propre cause, son propre centre et sa force propre.

IDEES MAJEURES :
– La pensée de Nkrumah est la conséquence d’un malaise issu de l’impérialisme colonialiste occidental. Les avatars de ce dernier s’expliquent par le choc de la rencontre euro-africaine qui a eu pour droit fil l’aliénation culturelle, la domination politique et l’exploitation économique des peuples d’Afrique.
– La doctrine du Consciencisme est une médication à la pathologie culturelle africaine et un phare pour l’action développemental. Ses idées directrices sont la restauration de l’identité culturelle africaine et l’adoption du socialisme et du panafricanisme.
– Les solutions que proposent Nkrumah s’avèrent pertinentes, seulement, les allures idéologiques de son corpus épistémique font face à certains écueils théoriques et pratiques dont l’occultation pourrait entachée cette œuvre non moins révolutionnaire et louable. Son approche externaliste dans l’étude des causes du malaise africain mésestime les causes endogènes du sous-développement, ce faisant, déresponsabilise et infériorise les peuples noirs. Son héritage marxiste est questionnable au regard des affres de l’apologie du matérialisme d’aujourd’hui.

PROBLEMATIQUE :
Comment le Consciencisme de Nkrumah s’avère être le site théorique de l’émancipation de la société africaine ? Reconnaître que cette idéologie soit à l’instar d’une panacée, ne serait-ce pas se leurrer ?

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